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Les étudiants en blanc.
Les étudiants en blanc.
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18 avril 2009

Il était une nuit...


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Il est 21 heures, je suis en chirurgie, j’entame ma première nuit de travail dans un service. J’ai entendu dire que la nuit, il se passe plein de choses : des gens pleurent, certains ont peur, et quelques uns meurent …

Les transmissions sont terminées, l’hyperactivité de la journée se calme, tout devient plus paisible : aucun médecins, zéro familles… Il ne reste plus que trois infirmières, deux aides soignantes et 52 patients. Ils sont tous potentiellement capable de faire un malaise, une hémorragie, une infection grave…

Une heure plus tard, avec l’infirmière et notre « armoire sur roulettes », nous commençons « le tour » des chambres. Nous arrivons à la 18ème chambre. Chambre de Mme M, opérée il y a 2 jours d’une PTH (prothèse totale de hanche) sous anesthésie générale. Tous les soirs, nous devons lui injecter un antibiotique.


J’entre doucement en chuchotant un petit « Bonsoir Madame ».

Je suis tout fier avec ma grosse seringue d’antibiotique que je dois injecter dans la perfusion, c’est moi qui a la plus grosse seringue !

- « Mais qui êtes vous ???? Vous êtes fous ! Mais vous êtes fous ! »

Je vois que quelque chose ne va pas… Mme M est anormalement agitée, elle parait stupéfaite et la peur se lit sur ses rides. Sur ma feuille de transmission, je peux lire que Mme M commence à être agitée.

- « Mme M, je dois faire passer l’antibiotique dans la perfusion. Vous savez comme hier soir ? »

- « Mais non, mais non ! Ca vous arrive souvent de venir chez les gens en pleine nuit comme ça !? Sans sonner !? De les réveiller !? »


Je comprends qu’elle est complètement perdue, elle n’est pas cohérente et désorientée. Marina, l’infirmière de nuit essaye de la rassurer :

- « Mme M, vous êtes à l’hôpital, nous sommes les infirmiers qui s’occupe de vous, on prend le relais de nos collègues… »

- « Mais non ! Vous êtes des faux infirmiers ! Vous vous êtes infiltrés pour me tuer ! Haaaaaaaaaaaa ! »

- « Mme M, non, nous ne voulons pas vous tuer, nous voulons juste vous donner votre traitement pour allez mieux. »

Il n’y a pas le choix ! Il faut injecter cette antibiotique à Mme M. L’infirmière me fait signe de commencer le soin. J’explique ce que je fais à Mme M tout en appuyant sur le piston de la seringue.

- « Allez-y, tuez-moi et demain vous verrez dans le journal : GERMAINE MORTE A L’ HOPITAL ! Haaaaaaaaaaaaaa ! Au secooOooouuurs !! Au secoOooooOouurs !! ».


Je finis d’injecter, Mme M tape sur son lit avec ses petits points tout fripés par l’âge… Ses pupilles sont dilatées, ses globes oculaires ronds comme la pleine lune, les cheveux frisées en pagailles… Vision d’un vieux film d’horreur américain des années 60.

- « Voilà j’ai fini, vous voyez vous n’êtes pas morte ! Tout va bien. »

- « Oh là là, jeune homme, vouuuuuuuus qui êtes si beau… Vouuuuuuuuus qui êtes si mignon… »

- « Oui, merci Mme M. »

- « Mais attention ! Mon poing dans la figure !!! »


Je sors désarmé de la chambre. L’infirmière m’explique que Mme M fait une réaction à l’anesthésie ; ses enfants ont prévenu l’hôpital car c’était une habitude chez elle. Ils trouvaient d’ailleurs cela très drôle…

Mme M, le lendemain soir est hallucinée +++, contention physique, injection de neuroleptique, 6 infirmiers pour la contenir, 40 minutes passées dans la chambre…

En effet, c’était très drôle.


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