Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les étudiants en blanc.

Les étudiants en blanc.
Publicité
18 avril 2009

Il était une nuit...


Sans_titre_1_copie

Il est 21 heures, je suis en chirurgie, j’entame ma première nuit de travail dans un service. J’ai entendu dire que la nuit, il se passe plein de choses : des gens pleurent, certains ont peur, et quelques uns meurent …

Les transmissions sont terminées, l’hyperactivité de la journée se calme, tout devient plus paisible : aucun médecins, zéro familles… Il ne reste plus que trois infirmières, deux aides soignantes et 52 patients. Ils sont tous potentiellement capable de faire un malaise, une hémorragie, une infection grave…

Une heure plus tard, avec l’infirmière et notre « armoire sur roulettes », nous commençons « le tour » des chambres. Nous arrivons à la 18ème chambre. Chambre de Mme M, opérée il y a 2 jours d’une PTH (prothèse totale de hanche) sous anesthésie générale. Tous les soirs, nous devons lui injecter un antibiotique.


J’entre doucement en chuchotant un petit « Bonsoir Madame ».

Je suis tout fier avec ma grosse seringue d’antibiotique que je dois injecter dans la perfusion, c’est moi qui a la plus grosse seringue !

- « Mais qui êtes vous ???? Vous êtes fous ! Mais vous êtes fous ! »

Je vois que quelque chose ne va pas… Mme M est anormalement agitée, elle parait stupéfaite et la peur se lit sur ses rides. Sur ma feuille de transmission, je peux lire que Mme M commence à être agitée.

- « Mme M, je dois faire passer l’antibiotique dans la perfusion. Vous savez comme hier soir ? »

- « Mais non, mais non ! Ca vous arrive souvent de venir chez les gens en pleine nuit comme ça !? Sans sonner !? De les réveiller !? »


Je comprends qu’elle est complètement perdue, elle n’est pas cohérente et désorientée. Marina, l’infirmière de nuit essaye de la rassurer :

- « Mme M, vous êtes à l’hôpital, nous sommes les infirmiers qui s’occupe de vous, on prend le relais de nos collègues… »

- « Mais non ! Vous êtes des faux infirmiers ! Vous vous êtes infiltrés pour me tuer ! Haaaaaaaaaaaa ! »

- « Mme M, non, nous ne voulons pas vous tuer, nous voulons juste vous donner votre traitement pour allez mieux. »

Il n’y a pas le choix ! Il faut injecter cette antibiotique à Mme M. L’infirmière me fait signe de commencer le soin. J’explique ce que je fais à Mme M tout en appuyant sur le piston de la seringue.

- « Allez-y, tuez-moi et demain vous verrez dans le journal : GERMAINE MORTE A L’ HOPITAL ! Haaaaaaaaaaaaaa ! Au secooOooouuurs !! Au secoOooooOouurs !! ».


Je finis d’injecter, Mme M tape sur son lit avec ses petits points tout fripés par l’âge… Ses pupilles sont dilatées, ses globes oculaires ronds comme la pleine lune, les cheveux frisées en pagailles… Vision d’un vieux film d’horreur américain des années 60.

- « Voilà j’ai fini, vous voyez vous n’êtes pas morte ! Tout va bien. »

- « Oh là là, jeune homme, vouuuuuuuus qui êtes si beau… Vouuuuuuuuus qui êtes si mignon… »

- « Oui, merci Mme M. »

- « Mais attention ! Mon poing dans la figure !!! »


Je sors désarmé de la chambre. L’infirmière m’explique que Mme M fait une réaction à l’anesthésie ; ses enfants ont prévenu l’hôpital car c’était une habitude chez elle. Ils trouvaient d’ailleurs cela très drôle…

Mme M, le lendemain soir est hallucinée +++, contention physique, injection de neuroleptique, 6 infirmiers pour la contenir, 40 minutes passées dans la chambre…

En effet, c’était très drôle.


Publicité
Publicité
7 février 2009

Groupe de NB salle TG9

Jamais je n'aurais imaginé, le 1er jour, pouvoir partager autant de chose avec vous...
Tant de rire, tant de pleur...
Voilà ce que nous étions : Un petit groupe d'étudiant infirmier, lié par le secret professionnel.
" Tout ce que vous allez dire ne doit pas sortir de cette salle." nous disait d'un aire officiel Nathalie, notre formatrice.
C'est comme cela que nous avons partagés nos souvenirs, nos expériences, que nous avons appris à connaître soi et les autres : Nous avons laissés entrevoir un petit boue de notre intimé, laissé quelques rires s'échapper, laissé quelques larmes coulées.
Sans vous, aurais-je pu continuer à affronter la mort? à affronter la vie ?
Non.
Alors : "merci "
Juste un simple "merci."

Photo088


" On ne recommence plus, mais se souvenir, c'est presque recommencer. " Chales NODIER



31 décembre 2008

La peur du blanc



DIALOGUE n.m. (lat. dialogus, entretien).
1. Conversation, échange de vues entre deux ou plusieurs personnes.
2. Discussion visant à trouver un terrain d'entente; fait de dialoguer. Renouer le dialogue.


dialogue_ctr

Il y a des situations embarrassantes, des situation où j'aurais aimé disparaitre sous ma blouse blanche... En quelques seconde, mon cerveau rentre en ébullition, le temps s'arrête, et les idées fusent dans ma tête : "sortir, oui sortir de cette chambre ! faire semblant de ne pas avoir entendu... HELP ! S.O.S ! "

Le patient doit sentir ma gène, je vois bien qu'il est à la recherche de mon regard qui se perd dans la pièce, souvent vers la fenêtre...
Pourtant, cela part d'une bonne intention... mais parfois je me retrouve dans la m**** ! je me rappellerais toujours de ces questions auxquelles je n'arrivais pas à trouver de réponses :

- " Vous êtes vraiment des sadiques ! Vous aimez faire mal ?!! "

- " Ca ne doit pas être facile pour vous qui êtes si jeune de voir ça ? "

- " Mon frère m'a dit que je suis une gogole, c'est vrai que je suis une gogole ? "

- " Je sais que je vais mourir, mais je me suis bien battu, et vous, vous êtes là, merci mais maintenant je veux rentrer chez moi..."

- " Moi, j'aime pas noël parce que je suis tout seul. "

- " Prouuuuuuut  "

- " Est-ce que je vais mourir ? "

- " Est-ce que je vais guérir un jour ? "

- "Gneu nozi la ni tona ? "

- "Perdre un mari c'est inimaginable, mais perdre un enfant c'est inacceptable. "


Plus tard, j'apprendrai une technique; la reformulation :  Technique magique qui permet au patient de verbaliser et au soignant de s' échapper...


27 décembre 2008

L'ERREUR.


"L'erreur est humaine, les infirmiers sont humains, or les infirmiers n'ont pas le droit à l'erreur..."

" Sans minimiser l’erreur, ce choix touche toute une profession dont les valeurs et les actions sont avant tout de traiter, de soigner et d’accompagner les patients à toutes les heures du jour et de la nuit.
Ces activités infirmières très souvent à hauts risques, relevant d’un grand professionnalisme et d’une expertise constante, trop souvent réduites à de simples exécutions de « tâches », ne peuvent en ces périodes symboliques de fin d’année, être mises à mal de quelque façon que ce soit, et être utilisés à partir d’un évènement tragique et de manière passionnelle à des fins médiatiques, revendicatives et opportunistes."

Paris, le 27 DECEMBRE 2008 Source : Conseil Regional de l'Ordre des Infirmiers d'Ile de France


clic Enfin un article qui se tient ! clic

P1000237

Concernant l'homicide involontaire du petit Ilyes causé par une infirmière :

° Il faut prendre du recul sur ce que nous disent les médias; préférant le coup médiatique par l'émotion du grand public.

° Si l'on considère que c'est un métier à risque; est-il possible d'éviter tous les accidents ?  Au même titre qu'un chauffeur routier tuera toute une famille sur la route en s'endormant au volant...  Nous ne vivons pas dans un monde tous rose : l'erreur est humaine et inévitable.

° Cet accident, très rare, montre toutes les difficultés du métier d'infirmier : risques omniprésent, attention et concentration de chaque instant.

° La mort du petit Ilyes est-il la conséquence d'un gouvernement qui asphyxie chaque jour un peu plus nos hôpitaux ?

° L'infirmière ne devrait pas-être retenu coupable : Elle a commit l'acte fatal, mais en aucun cas elle ne l'a voulu ! La punir ne servirait à rien puisque aucune intention de nuire n'était présente...Rappelons qu'elle a passée une dizaine d'années à soigner des centaines de personnes...


Je pense aux proches du défunt ainsi qu'à la jeune infirmière expérimentée... Qui est coupable dans cette histoire ? Rappelons quand même que nous bénéficions d'un système de santé des plus reconnu dans le monde et que notre espérance de vie est l'une des plus élevée des pays développés...


14 décembre 2008

Psychiatrie ou Prison ? Soins ou Enferment ?

    Le 12 Decembre 2008 - (SUD santé-sociaux) : Après la visite du Président de la République dans un l'hôpital psychiatrique Erasme d'Antony, la Fédération SUD santé-sociaux dénonce un projet de réforme des soins en psychiatrie essentiellement "sécuritaire".
    Communiqué de presse :

 

    La Fédération SUD santé-sociaux refuse le tout sécuritaire contenu dans des déclarations du Président de la République ce jour à l’hôpital psychiatrique Erasme d’Antony (92) qui va orienter demain le soin en psychiatrie.

        * Annonce d’une réforme des hospitalisations sous contrainte (HO) : seul le préfet
          sera décisionnaire des sorties d’essai ou définitive. Les informations administratives
          sur les hospitalisations d’office devront être partagées par tous les départements
          (reprise de l’idée de fichier national contenu dans le projet de loi prévention de la
          délinquance qui avait été retiré suite à la mobilisation de tous les acteurs du secteur).

        * 30 millions d’euros pour un plan de sécurisation des hôpitaux psychiatriques.
          - Pour un dispositif de géolocalisation : les patients qui sont limités dans leurs
          sorties « seront équipés » de bracelets électroniques qui déclencheront une alerte
          s’ils sortent d’un périmètre autorisé.
          - Pour une unité fermée par établissements avec système de vidéo surveillance.
          - Pour l’aménagement de 200 chambres d’isolement et contention supplémentaires.

        * 40 millions pour la création de 160 lits d’UMD (unité pour malade difficile)

    Ce plan essentiellement sécuritaire, stigmatisant la maladie mentale va à l’encontre du soin et « ré-enferme » les malades mentaux.

    Depuis 40 ans les équipes de psychiatrie travaillent sur un suivi et une prise en charge extra hospitalière dans les CMP (centre médico-psychologique) et avec des structures d’alternative à l’hospitalisation pour une réinsertion sociale des patients. Ces structures sont aujourd’hui menacées dans leur financement, certaines sont contraintes à la fermeture dans le cadre de plans d’économies.

    Nous rappelons enfin que ce dont la psychiatrie à d’abord besoin, c’est d’un personnel en nombre suffisant, qualifié, et formé à contenir et soigner l’angoisse psychotique, seul vrai rempart aux débordements possibles induits par la souffrance psychique de ses patients.


Infirmiers.com, Sud Santé-Sociaux 70, rue Philippe de Girard, 75018, Paris, info@sud-sante.org


psychiatrie

Comment ces mesures vont-elles être efficaces si les soignants ne sont pas en nombre suffisant pour en assurer la continuité ?

Mon dernier stage c'est déroulé en Centre Médico Psychologique. Les patients y sont stabilisés dans leurs traitements et viennent quelques journées dans ce centre qui assure un suivi quotidien, en permettant de vivre chez eux, avec leurs enfants, leur amour, leurs proches... Ce sont des gens malades, mais qui ont appris à vivre avec leur maladie, à gérer leurs angoisses, en dehors d’un hôpital. Comment mieux arriver à cette fin si les sorties deviennent plus restrictives ?

Un jour, cela peut être vous, ou un membre de votre famille qui développera une pathologie psychiatrique! Alors, réfléchissez, souhaiteriez-vous être pris en charge dans un "hôpital-prison" ?
Je n'oublie pas l'histoire de l'étudiant, tué à Grenoble par une personne atteinte de schizophrénie. J'en suis touché, mais cela ne concerne qu'une grande minorité : Faut-il donc généraliser cet acte (généré par une hallucination) à tous les malades ?
Tout ne va pas bien dans la psychiatrie, mais augmentons le nombre de soignants, et évitons de les transformer en gardien ! Valorisons les structures qui permettent une alternative à l'hospitalisation à temps complet ! Pensons à ces gens en souffrance, et donnons leurs une chance de s'en sortir !


Publicité
Publicité
12 décembre 2008

Le 1er jour...

couloir


      Il y a des visages, des corps, des personnes, des histoires que je n'oublierais probablement jamais. Il y a des patients qui m'ont marqués, impressionnés, intimidés, frustrés...

          10/20 à un concours et nous voilà, nous, petits lycéens acnéiques, transportés dans le monde hospitalier...
1 mois de cours de gynécologie et d'orthopédie, et nous débarquons en stage. Nous découvrons ce qu'est l'hôpital à 6 heures du matin : Des murs blancs encore trop peux éclairés, une pancarte indiquant la direction de la morgue, des ascenseurs vides et des couloirs déserts... Le soleil se lève et tu assistes aux transmissions, des tas de mots qui font écho dans ta tête, des mots qui te font peurs :  « cancers, démence, stade terminale, mort, vie... »
          Le 1er jour, il te faut suivre l'aide soignante, parce que c'est plus facile de comprendre comment se fait une toilette génitale, un changement de protection souillées...
Le 1er jour tu te prends un choc en pleine face. Le 1er jour, tu fais face au corps décharné, à la peau sillonnée de ride, aux yeux vident de larmes...
Le 1er jour, tu comprends que ta vie n'est peut-être pas si dure que cela. Mais surtout, le 1er jour tu parleras à une petite grand mère, elle te portera attention, elle te fera sourire et partagera un bout de sa longue vielle vie. Tu t’attacheras à elle, et c'est ce qui te fera oublier que tu viens de te faire pisser déçu, dans la chambre 413...

          Le soir venu, tu rangeras ta toute neuve tenu blanche devenu un peu grise dans le casier n°18. Tu retrouveras enfin tes habits, ceux du boutonneux pubère... Le long du trajet qui te conduit à la vie civile, tu feras défiler comme dans un album photo les images de ta 1ere journée, tu ne t'endormiras qu'à minuit, car le cadre photo numérique implanté dans ta tête ne s’épuise jamais, lui... Tu stresse, mais tu te rappelleras de la grand mère au cheveux gris, celle qui te disais que la vie n'est pas un long fleuve tranquille... C'est comme cela que tu retourneras le lendemain à l'hôpital , et c'est comme cela que tu passeras ta vie, à l'hôpital.



9 décembre 2008

La Vieille Femme Grincheuse

Poème trouvé dans les affaires d'une vieille femme morte à l'hôpital.


" Que vois-tu, toi qui me soignes, que vois-tu ?
Quand tu me regardes, que penses-tu?
Une vieille femme grincheuse, un peu folle
Le regard perdu, qui n'est plus tout à fait,
Qui bave quand elle mange et ne répond jamais,
Qui, quand tu dis d'une voix forte "essayez"
Semble ne prêter aucune attention à ce que tu fais
Et ne cesse de perdre ses chaussures et ses bas,
Qui, docile ou non, te laisse faire à ta guise
Le bain et les repas pour occuper la longue journée grise.
C'est ça que tu penses, c'est ça que tu vois ?
Alors, ouvre les yeux, ce n'est pas moi,
Je vais te dire qui je suis, assise là tranquille
Me déplaçant à ton ordre, mangeant quand tu le veux.
Je suis la dernière de dix, avec un père et une mère,
Des frères et des sœurs qui s'aiment entre eux.
Une jeune fille de seize ans, des ailes aux pieds,
Rêvant que bientôt elle rencontrera un fiancé.
Mariée déjà à vingts ans, mon cœur bondit de joie
Au souvenir des vœux que j'ai fait ce jour là.
J'ai vingt-cinq ans maintenant et un enfant à moi
Qui a besoin de moi pour construire une maison.
Une femme de trente ans, mon enfant grandit vite,
Nous sommes liés l'un à l'autre par des liens qui dureront.
Quarante ans, bientôt il ne sera plus là.
Mais mon homme est à mes côté qui veille sur moi.
Cinquante ans, à nouveau jouent autour de moi des bébés.
Nous revoilà avec des enfants, moi et mon bien-aimé.
Voici les jours noirs, mon mari meurt.
Je regarde vers le futur en frémissant de peur,
Car mes enfants sont tous occupés à élever les leurs
Et je pense aux années et à l'amour que j'ai connu.
Je suis vieille maintenant et la nature est cruelle
Qui s'amuse à faire passer la la vieillesse pour folle.
Mon corps s'en va, la grâce et la force m'abandonnent
Et il y a maintenant une pierre là où jadis j'eus un cœur.
Mais dans cette vieille carcasse, le jeune fille demeure,
Le vieux cœur se gonfle sans relâche.
Je me souviens des joies, je me souviens des peines
Et à nouveau je revis ma vie et j'aime.
Je repense aux années, trop courtes et trop vite passées,
Et accepte cette réalité implacable que rien ne peut durer.
Alors ouvre les yeux, toi qui me soignes, et regarde,
Non la vieille femme grincheuse, regarde mieux, tu me verras. "


Texte étudié à l'Institut de Formation en Soins Infirmiers de la Roche sur Yon, Promo 2008-2011.

Fond_d__cran

6 décembre 2008

Le témoignage d'une infirmière

Voici un texte qui ne se frotte pas certes au Goncourt mais qui à le mérite de décrire une situation qui pour certains d'entre nous est quotidienne et qui pour d'autres reste inconnue ou simplement trop difficile à entendre car ne l'oublions pas pour beaucoup nous sommes des fonctionnaires et donc.................nous n'avons pas à nous plaindre.

 

Sachez que c'est le quotidien de tous les hôpitaux de France.

Bonne lecture et Bonne santé         496586

" Je suis assez catastrophée en ce moment, car dans aucun média, aucune presse, même dans les discours de nos chers politiques, personne ne parle de ce qui se passe du côté de l'hôpital public.. Et pourtant, moi qui le vis de l'intérieur, je vous garantie qu'il y a de quoi sauter au plafond (peut-être autant que les fautes d'orthographe dans ce mail, je m'en excuse...!).
Tout ce qui va suivre est un peu compliqué, peut-être, mais nécessaire pour vous expliquer ce qui se passe sur le terrain.

Je suis infirmière dans un service de Médecine adulte (Médecine interne et thérapeutique, pavillon 5, hôpital Bellevue à St-Etienne) avec une capacité d'accueil de 21 patients, dont 95% est muté directement des urgences. Autrement dit, la plupart ne sont pas encore très stabilisés sur le plan médical et ont donc besoin d'une surveillance étroite et efficace de la part des infirmiers et aide-soignants. Les femmes de ménage (ASH) ont elles aussi un rôle important, car au détour d'un couloir ou pendant qu'elles nettoient une chambre, elles peuvent être les premiers signaux d'alarme d'un patient en détresse. Sans parler de leur travail primordial pour assurer l'hygiène des services, rôle majeur dans la lutte des infections nosocomiales.

Nos équipes s'organisent ainsi : (les équipes de jour et de nuit sont indépendantes, je ne travaille que le jour matin-soir)
2 infirmières + 2 aide-soignantes + 1 ASH le matin
2 infirmières + 2 aide-soignantes + 1 ASH le soir
1 infirmière + 1 aide-soignante la nuit

Ceci est ce qu'on appelle le service minimum, autrement dit, c'est le minimum réglementaire pour assurer la sécurité des patients. Or il faut savoir que nous n'avons jamais de personnel en plus et que la tendance actuelle est de nous faire tourner en sous-effectif de manière presque systématique les soirs et les week-end, soit un seul infirmier pour 21 patients.
Depuis 2 mois, une de mes collègues infirmières a démissionné et n'est pas remplacée, une autre est en arrêt de travail qui risque d'être prolongé cet été et n'est pas non plus remplacée. Nous ne sommes donc plus que 6 infirmiers au lieu de 8 à assurer un roulement sur 4 semaines, jours de semaine, week-end et fériés compris. Alors nous effectuons 1 puis 2 puis 3 week-end supplémentaires (nous en travaillons déjà 2 sur 4 habituellement) et ainsi de suite pour que le service tourne, avec des jours de repos qui sautent et des alternances de rythme incessantes. Si bien qu' il devient impossible de prévoir quoi que ce soit en dehors de la vie au CHU, sous peine de devoir annuler au dernier moment pour cause : boulot!

Samedi dernier, le 14 juin 2008, une autre collègue s'est arrêtée et, étant la seule infirmière du soir, il n'y avait donc personne pour prendre la relève du matin... C'est un infirmier des urgences qui a été détaché de son service pour venir dans le nôtre, qui a assuré les soins de nos 21 patients, alors qu'il ne les connaissait pas, et qui a dû faire face en plus à une situation d'urgence vitale de l'un d'eux...

Une des ASH est arrêtée depuis 1 an en étant remplacée de manière très ponctuelle, obligeant les 3 ASH restantes du service à se partager un roulement sur 4 semaines, jours de semaine, week-end et fériés compris. Leur tâche est de nettoyer à elles seules, tous les jours, la totalité des 16 chambres du service de fond en comble (vitres, mobilier, murs, WC), les bureaux médicaux, les pièces de vie (office, douche, WC, couloirs), la salle de soins...

Il faut savoir que le CHU de St-Etienne est en pleine réorganisation, puisqu'un gros complexe est en fin de construction à l'hôpital Nord, promettant parait-il des technologies de pointe, des locaux modernes et surtout des soins efficaces et de qualité...

A
lors expliquez-moi comment être à la hauteur de ces exigences quand le personnel est déjà largement en sous-effectif? L'hôpital refuse d'embaucher, car déficit budgétaire, mais préfère faire appel à l'intérim, qui coûte plus cher que des contractuels...

Hier, j'étais normalement en 'repos' et j'ai passé une bonne partie de ma journée à démarcher la Médecine du Travail, les syndicats et à parler avec notre chef de service, pour essayer de trouver des solutions pour que notre direction nous entende...

Nous sommes par chance soutenus par notre chef de service, qui connaît la valeur de notre travail et sait que nous ne protestons pas pour rien. Il nous connaît suffisamment pour lui même remuer ciel et terre pour qu'on s'occupe du sort des soignants à l'hôpital. Il nous soutient par ce que lui-même est très inquiet de la situation et voit notre gouvernement asphyxier le service public hospitalier, or lui a choisi de travailler au CHU par foi en ce service public et dans le respect du serment d' Hippocrate.

Je dors très mal et pour être honnête je pense au boulot constamment. J'ai peur que le stress me fasse oublier un soin, que la pression m' empêche de prendre le temps avec un patient déprimé, que la fatigue me fasse faire un mauvais calcul de dose, administrer un produit au mauvais patient... J'ai peur que ce métier que j'aime me transforme en assassin, involontairement, par ce qu'on aura laissé la situation se dégrader. Parce que nous sommes tous responsables : je suis l'infirmière d'aujourd'hui mais nous sommes tous les patients de demain. VOUS pouvez être au bout de ma seringue, ou votre mari, votre enfant, votre proche.
Je vis l'insécurité dans mon travail, alors que je le maîtrise pourtant. Mais je suis humaine avant tout.
Vous serez ceux qui pâtirez du manque de soignants dans les services : je n'aurai pas pu prendre le temps de vous donner des nouvelles du patient que vous aimez, je n'aurai pas pu gérer 2 situations d'urgence à la fois... Faut-il attendre qu'il y ait des morts pour réagir et prendre conscience de ce qui se passe dans les hôpitaux???

Aujourd'hui, j'ai besoin de vous. Merci de bien vouloir transférer ce mail de manière la plus large possible, pour informer le plus de monde possible. Si vous connaissez des personnes du monde hospitalier, journalistique, politique ou autre, n'hésitez pas à les solliciter.
Il faut se mobiliser en masse pour être plus efficace, moi toute seule, je n'intéresse personne.'

Merci pour votre attention!
    "

20 novembre 2008

Les infirmiERES

 

nurse

Ha la la, je suis l'homme le plus heureux du monde ! Hé oui, moi, mon quotidien, il est fait de petites infirmières en minijupe et décolleté... De plus, si l'on regarde attentivement, elle ne porte rien sous la blouse...

STOP

Faut arrêter là, désolé de briser le mythe ! mais l'infirmière n'a rien de sexy en pantalon et blouse blanche 100% coton !
De plus, si vous attendez impatiemment la petite infirmière pour la piqûre aux fesses, vous risquez d'être déçu en voyant arriver un infirmier muni d'une aiguille de 4 cm ...

En effet, à tous ceux qui me dise qu'infirmer, c'est un métier de femme, je leur dit :

- Ne faut-il pas des couilles pour soigner une plaie infectée, nécrosée... ?
- Ne faut-il pas des couilles pour contenir un patient agité, violent... ?
- Ne faut-il pas des couilles pour accompagner une personne vers la mort ?
- Ne faut-il pas des couilles pour aider à la mobilisation une personne de 100 kg ?
- Ne faut-il pas des couilles pour soigner une urgence vitale ?
- Ne faut-il pas des couilles pour...

Ps : Heureusement, une femme peut faire aussi bien son métier qu'un homme... mais une chose est sur, c'est que les infirmières n'ont peut-être pas de couilles, mais une sacrée force de caractère ! c'est pour ça qu'elles sont si emmerdeuses ! : )

18 novembre 2008

Aujourd'hui...

Aujourd'hui je n'avais pas envi...

mais

Aujourd'hui il a fallut laisser à la porte de l'hôpital ses soucis.

car

Aujourd'hui, il a fallut écouter la peine des patients en souffrance.
Aujourd'hui, il a fallut rassurer des gens inquiets.
Aujourd'hui, il a fallut affronter l'agression verbale d'un patient.
Aujourd'hui, il a fallut surveiller l'agitation d'un homme.
Aujourd'hui, il a fallut faire des injections à la chaîne et en vitesse.
Aujourd'hui, il a fallut écouter des menaces de suicide.
Aujourd'hui, il a fallut imaginer les hallucinations violentes d'une patiente apeurée.

alors

Aujourd'hui j'ai vécue le quotidien d'un infirmier !
Mais aujourd'hui, je n'avais pas envie...

Et demain alors ?

psy

Publicité
Publicité
1 2 > >>
Publicité