Psychiatrie ou Prison ? Soins ou Enferment ?
Le 12 Decembre 2008 - (SUD santé-sociaux)
: Après la visite du Président de la République dans un l'hôpital psychiatrique
Erasme d'Antony, la Fédération SUD santé-sociaux dénonce un projet de réforme
des soins en psychiatrie essentiellement "sécuritaire".
Communiqué de presse :
La Fédération SUD santé-sociaux refuse le tout sécuritaire
contenu dans des déclarations du Président de la République ce jour à l’hôpital
psychiatrique Erasme d’Antony (92) qui va orienter demain le soin en psychiatrie.
* Annonce d’une réforme des
hospitalisations sous contrainte (HO) : seul le préfet
sera décisionnaire des
sorties d’essai ou définitive. Les informations administratives
sur les hospitalisations
d’office devront être partagées par tous les départements
(reprise de l’idée de
fichier national contenu dans le projet de loi prévention de la
délinquance qui avait
été retiré suite à la mobilisation de tous les acteurs du secteur).
* 30 millions d’euros pour un plan
de sécurisation des hôpitaux psychiatriques.
- Pour un dispositif de
géolocalisation : les patients qui sont limités dans leurs
sorties « seront équipés
» de bracelets électroniques qui déclencheront une alerte
s’ils sortent d’un
périmètre autorisé.
- Pour une unité fermée
par établissements avec système de vidéo surveillance.
- Pour l’aménagement de
200 chambres d’isolement et contention supplémentaires.
* 40 millions pour la création de
160 lits d’UMD (unité pour malade difficile)
Ce plan essentiellement sécuritaire, stigmatisant la maladie
mentale va à l’encontre du soin et « ré-enferme » les malades mentaux.
Depuis 40 ans les équipes de psychiatrie travaillent sur un
suivi et une prise en charge extra hospitalière dans les CMP (centre
médico-psychologique) et avec des structures d’alternative à l’hospitalisation
pour une réinsertion sociale des patients. Ces structures sont aujourd’hui
menacées dans leur financement, certaines sont contraintes à la fermeture dans
le cadre de plans d’économies.
Nous rappelons enfin que ce dont la psychiatrie à d’abord
besoin, c’est d’un personnel en nombre suffisant, qualifié, et formé à contenir
et soigner l’angoisse psychotique, seul vrai rempart aux débordements possibles
induits par la souffrance psychique de ses patients.
Infirmiers.com, Sud Santé-Sociaux 70, rue Philippe de Girard, 75018, Paris, info@sud-sante.org
Comment ces mesures vont-elles être efficaces si les soignants ne sont pas en nombre suffisant pour en assurer la continuité ?
Mon dernier stage c'est déroulé en Centre Médico Psychologique. Les patients y sont stabilisés dans leurs traitements et viennent quelques journées dans ce centre qui assure un suivi quotidien, en permettant de vivre chez eux, avec leurs enfants, leur amour, leurs proches... Ce sont des gens malades, mais qui ont appris à vivre avec leur maladie, à gérer leurs angoisses, en dehors d’un hôpital. Comment mieux arriver à cette fin si les sorties deviennent plus restrictives ?
Un jour, cela peut être vous, ou un membre de votre famille
qui développera une pathologie psychiatrique! Alors, réfléchissez, souhaiteriez-vous être pris en charge dans un "hôpital-prison" ?
Je n'oublie pas l'histoire de l'étudiant, tué à Grenoble par une personne
atteinte de schizophrénie. J'en suis touché, mais cela ne concerne qu'une grande minorité : Faut-il donc généraliser cet acte (généré par une
hallucination) à tous les malades ?
Tout ne va pas bien dans la psychiatrie, mais augmentons le nombre de
soignants, et évitons de les transformer en gardien ! Valorisons les
structures qui permettent une alternative à l'hospitalisation à temps complet ! Pensons à ces gens en souffrance, et donnons leurs une chance de s'en sortir !